"Per l'onor deu país sosténguer e per sa dignitat manténguer ..." Peir De Garròs 1520-1590

Interventions pour défendre la langue occitane (lettres à la presse, etc...)


A un lecteur de la Charente Libre (courrier des lecteurs du 19/01/05)

BOIS DE LACAUD = BOIS DE LAS CAUMS

le 19/01/2005

Monsieur,

Je viens de lire votre lettre dans le courrier des lecteurs de la Charente Libre de ce jour et je suis d'accord avec votre protestation contre le projet Approval. D'ailleurs, j'ai participé activement à l'action contre les projets de décharges dans le Confolentais, sur le terrain et dans la presse.

Il est cependant un point de votre lettre qui m'a fait réagir car il est erroné. C'est l'interprétation des noms de lieux que vous indiquez.

En effet ''Bois de Lacaud'' n'est pas un nom d'origine française. La langue qui a servi à désigner les lieux du Confolentais est l'occitan , que souvent malheureusement on entend appeler « patois ».

BOIS (qui existe aussi en français) désigne en occitan la ''forêt''. On trouve aussi ''bòsc'' souvent écrit dans les noms de lieu  ''BOS '' ou ''BEAU''. Cela n'a aucun rapport avec la beauté, bien entendu.

LACAUD : ici, il s'agit en réalité de 2 mots : la cau (article + nom) Le mot CAU semble provenir du latin CALMIS, du pré-indo-européen KAL-M(A) = plateau inculte , lande .

On trouve ce mot dans des noms différents comme Chaumeil, les Chaumettes, Lachal, Lascaud, Calmel, etc...

Ce mot Lacaud est recensé dans les départements 16,23, 24, 36, 87 dans ''D'Ente venem, toponymie occitane du Limousin et de ses confins'', Yves Lavalade, 1981

Donc, il faudrait probablement écrire Las Caums.

Le véritable nom du site visé par Approval est donc : BOIS DE LAS CAUMS, c'est à dire ''le bois de la lande ou du plateau'.

L'étymologie basée sur ''eau' est impossible car en occitan, H2O se dit ''aiga'' (prononciation : 'aygo).

Vous citez également ''les Thermes''.

Ici encore, malgré l'apparence, il ne s'agit pas d'un antique établissement thermal (sauf si vous y connaissez des ruines romaines).

''Terme'' est un mot occitan venant du latin ''termen'' qui signifie ''tertre, butte''.

Selon la carte IGN, ''les Grand Termes'' est situé à une altitude de 230 m ce qui justifierait l'appellation. Il faudrait écrire LOS GRANDS TERMES pour rétablir l'orthographe correcte.

Le Confolentais fourmille de noms de lieux d'origine occitane, probablement 99% (je laisse 1% pour ceux qui ont été donnés récemment, souvent par ignorance linguistique comme le lotissement ''Bellevue'' à Ansac) mais comme il y a eu tentative de franciser le cadastre, cela n'est pas toujours évident.

Bien entendu, je ne vous tiens pas rigueur d'avoir tenté une explication de Bois de Lacaud en essayant de le rapprocher de mots connus. C'est une tendance naturelle. Les noms de lieux reflètent une situation linguistique et sans rechercher leur sens dans la véritable langue du pays, on commet de grosses erreurs. Vous voudrez bien m'excuser d'avoir été un peu ''pinailleur'' mais je crois qu'il vaut mieux ne pas prêter le flanc à des critiques mal intentionnées en avançant des affirmations erronées.

Certains auraient tôt fait de dévaluer le restant des arguments contre la décharge,

Avec mes meilleurs sentiments,


à M. Alain Finkelkraut (France-Culture)

Le 25/11/2003

Monsieur,

J'écoute depuis longtemps votre émission du samedi matin sur France-Culture. Les débats y sont souvent enrichissants.

Le 22 novembre vous accueilliez deux romanciers qui décrivent ''la fin d'une civilisation paysanne''. Je passe sur cette interprétation du phénomène qui me semble un euphémisme. C'est votre intervention sur l'aspect linguistique qui me fait réagir.

Je trouve inadmissible que notre langue, l'occitan soit privée de son nom et désignée par une appellation péjorative et raciste.

En effet, le ''patois'' en question, et malgré la politique d'éradication dont il fait l'objet (et a fait l'objet dans les siècles précédents) a autant de mérite que la ''grande langue'' que vous vous appliquez à défendre et dont souvent vous pleurez les malheurs face aux modernistes incultes ou anglophiles.

L'occitan a produit un prix Nobel (Frédéric Mistral, 1904), sans compter les Troubadours (inventeurs de l'Amor qui donna ''amour'') admirés par Dante et de nombreux auteurs de tous pays mais oubliés en France, et d'autres contemporains (Delpastre, Lafont, Bodon) dont vous ne connaissez probablement pas le nom. L'occitan a aussi été langue administrative, scientifique, religieuse et langue populaire très majoritaire jusqu'à la seconde guerre mondiale. L'INSEE estime entre 600000 et 1000 000 les usagers actuels de l'occitan.

Votre mépris n'est donc que la marque d'une ignorance et ne me semble pas avoir sa place dans une émission qui prétend défendre la culture au sens noble du terme.

J'avais d'autre part cru comprendre que la question de l'identité culturelle ne vous laissait pas indifférent. Je regrette que vous ne nous appliquiez pas ce que vous demandez pour vous-même.

Ce que vos deux invités décrivaient n'est pas le fruit d'un hasard inéluctable mais le résultat de ce que certains, Robert Lafont par exemple, ont nommé ''colonialisme intérieur''. L'imposition aux régions nord-occitanes d'une politique agricole taillée sur mesure pour les gros agriculteurs de la Beauce, l'intériorisation des complexes infligés par l'école ou il ne faut ni ''cracher par terre ni parler patois'', les décisions prises par un état lointain et centralisé au service de l'Ile-de-France ont détruit sauvagement les communautés paysannes du Limousin et de l'Auvergne.

Dommage que votre chauvinisme parisien vous empêche de voir qu'il y a une vie au dela du périphérique et encore plus loin. Il est dans votre droit de l'ignorer mais vous pourriez au moins la respecter.

Avec mes meilleurs sentiments occitans,

J. U.


A M. le Maire de ...

Assit, le 7/12/2002

LETTRE NON ENVOYÉE

Monsieur,

Dans le compte-rendu du conseil municipal du 14 novembre dans le Confolentais j'ai été surpris de lire les lignes suivantes:

«Concernant le futur lotissement, la commission estime que l'appellation actuelle «Les Trouillauds» n'est pas très heureuse. Parmi plusieurs propositions, celle dite «Bellevue» est retenue par le C. M.»

Je trouve dommage que le patrimoine des noms de lieux, qui fait partie des biens culturels hérités de nos ancêtres, soit ainsi sacrifié car il ne paraît pas «très heureux» à quelques personnes.

En fait cette appellation «Trouillauds» n'a rien à voir avec la «trouille» du français familier mais par l'occitan «truelh» (= pressoir) dérive du latin «torculum». Bien que ne connaissant pas le lieu en cause je présume qu'il a été occupé à un moment donné par des vignes autrefois très présentes autour de Confolens.

Sous réserve de vérifications plus approfondies, et bien que n'habitant pas la commune, je me permets de vous faire part de mes regrets de voir notre identité occitane une fois de plus rayée d'un trait de plume au profit d'une appellation plus que banale et archi-usitée: «Bellevue».

Si «Les Trouillauds» gênent certaines sensibilités, pourquoi ne pas utiliser la graphie occitane correcte «Los Trolhauds» qui aurait, en plus de son originalité, l'intérêt de souligner l'attachement d' Ansac à ses racines culturelles. A une époque d'uniformisation galopante cela ne serait peut-être pas complètement négatif.

Avec mes meilleurs sentiments confolentais et occitans,

J. U.


A M. le maire d'Oradour-Fanais

le 23/02/02

Monsieur,

Je vous écris, suite à l'article du Confolentais du 22/02/02 « Mais comment s'appellent donc les habitants d'Oradour-Fanais? »

Oradour est un nom de lieu assez répandu dans notre région: on en trouve 3 en Haute-Vienne, Il y a aussi L'Oradour (Dordogne), L'Ouradou (Gard), Louradou (Cantal). Ce terme occitan ''orador'' (prononciation: ''ouradour'') vient du latin ''oratorium''.

En ce qui concerne votre commune, il semblerait y avoir une attestation  ''oratorio'', vers 1300.

Cette appellation est donc très ancienne.

« Le nom le plus souvent cité [pour les habitants], est ''Radounaud'' , dit l'article.

Il en est de même pour les habitants d'Oradour-sur-Glane.

Dans le ''Dictionnaire Toponymique de la Haute-Vienne'' (ed. L. Souny, Limoges, 2000), Yves Lavalade, indique que  les habitants de cette commune sont: ''los oradonauds'' ou ''los 'radonauds'', avec aphérèse du o- initial.(Le o- initial a disparu).

Là aussi, le nom apparaît vers 1315.

Je trouve dommage que vous vouliez changer l'appellation traditionnelle des habitants de votre commune et rayer d'un trait de plume l'héritage culturel de 7 siècles.

Il me semble au contraire que vous devriez être fier d'un mot qui reflète votre identité profonde et que des générations et des générations ont utilisé avant vous.

Plutôt que de dire ''cela ne fait pas très beau'', il vaudrait mieux expliquer l'origine du mot: c'est le mot occitan 'radonaud (qui se prononce ''radounaud'') qui est utilisé pour dénommer les habitants de la commune car sa langue historique est l'occitan. Faut-il en avoir honte? Non, je crois que c'est un plus pour le Confolentais en général d'appartenir à l'ensemble occitan (32 départements du sud de l'hexagone) et qu'au lieu de le dissimuler nous devrions le mettre en avant.

Songeriez-vous à avoir honte de votre nom de famille? La commune est une sorte de famille élargie, je ne pense pas qu'on puisse changer le nom de ses membres par délibération municipale.

Pourquoi ne pas assumer franchement ses origines et installer à l'entrée de la commune un panneau portant le nom occitan (dans sa graphie correcte):

ORADOR-FANÈS.

C'est en projet dans quelques communes du Confolentais. En Haute Vienne, Aixe-surVienne (AISSA) et Châlus (CHASLUÇ), l'ont déjà fait. C'est très commun en Bretagne et dans beaucoup d'autres régions d'Europe.

Avec mes meilleurs sentiments,

J. U.


au correspondant Charente libre Montbron

MANÒC / Manot, le 18. février 2000

Monsieur,

Votre article concernant l 'animation occitane de la bibliothèque cantonale paru le 17 février m'a choqué.

Je trouve abusif et insultant le terme « patois » appliqué à notre langue.

La France a signé (mais non encore ratifié) la Charte européenne des langues régionales et minoritaires qui concerne en particulier l'occitan.

Le terme « patois » a été imposé par l'école jacobine au moment où il fallait « exterminer les patois » c'est à dire les langues parlées par les habitants de l'hexagone, le français n'étant que la langue du pouvoir et de la région de Paris. La population fut conditionnée (je ne vous rappellerai pas les méthodes des « hussards noirs ») à mépriser sa culture et à se mépriser elle-même. D'où l'emploi aujourd'hui « spontané » du terme « patois » pour désigner l'occitan.

Il est temps de rompre avec cet ostracisme culturel et de redonner à notre langue et à ceux qui la parlent leur dignité.

Mon site web

http://ujan.chez.tiscali.fr/

vous fournira des informations plus approfondies .

Je passe sur l'orthographe fantaisiste que vous employez , vou nozerié pa hécrir' le francé ainsi met cé l'imprécion que sa done.

Avec mes meilleurs sentiments occitans,

Portatz-vos plan,

J. U.


A Monsieur le Rédacteur en Chef du CONFOLENTAIS


MANÒC / Manot, le 18. février 2000

Monsieur,

Je vous écris au sujet de l'article « Mais où sont les foires d'antan » paru dans le Confolentais du 17 janvier 2000.

Vous écrivez « Dans les premières années 1900, le parler était le patois ».

En 1900, comme aujourd'hui, le Confolentais fait partie de l'Occitanie, 32 départements du sud de l'hexagone (+ le val d'Aran (état espagnol) et un dizaine de vallées alpines de l'état italien) où se parle l'occitan.

Ce terme « patois » a été imposé par l'école jacobine au moment où il fallait « exterminer les patois » c'est à dire les langues parlées par les habitants de l'hexagone, le français n'étant que la langue du pouvoir et de la région de Paris. La population fut conditionnée (je ne vous rappellerai pas les méthodes des « hussards noirs ») à mépriser sa culture et à se mépriser elle-même.

En 1904, Frédéric Mistral recevait le Prix Nobel de Littérature pour son oeuvre en langue d'oc (synonyme d'occitan).

Je trouve abusif et insultant le terme « patois » appliqué à notre langue.

La France a signé (mais non encore ratifié) la Charte européenne des langues régionales et minoritaires qui concerne en particulier l'occitan.

Il est temps de rompre avec cet ostracisme culturel et de redonner à notre langue et à ceux qui la parlent leur dignité.

Mon site web

http://ujan.chez.tiscali.fr/

vous fournira des informations plus approfondies .

La presse, y compris locale a un rôle d'information mais aussi d'éducation à assurer. Plutôt que renforcer les préjugés, elle doit faire avancer la réflexion et rendre ses lecteurs « plus intelligents ».

Avec mes meilleurs sentiments occitans,

J. U.



Fax envoyé à la mairie d'ESSE à l'occasion de la visite de Mme Trautmann


A Mme LA MINISTRE DE LA CULTURE



URGENT



lo 06 d'aost de 1999,


Madame la Ministre,


A l'occasion de votre visite dans la partie occitane de la Charente, nous nous permettons de vous rappeler nos revendications de justice pour l'occitan et les autres langues de la République:



La révision constitutionnelle, bloquée par le Président de la République peut être relancée par une initiative parlementaire et passer par la voie du référendum.


Nous ne nous satisfairons ni de l'immobilisme, ni de demi-mesures qui n'assurent pas un statut d'avenir à l'occitan.



Dins l'espera d'una accion positiva de vòstre governament en favor de l'egalitat culturala de tots los ciutadans, e emb nòstras salutacions coralas,


Per lo Partit Occitan,


Jan Urroz



MANÒC, lo 24/03/1999

Monsieur,


Je vous écris pour protester contre la suppression d'une émission

occitane sur F3 Sud toutes les 3 semaines. Je réside hors de votre

zone de diffusion mais il m'arrive de regarder ces émissions lors

de passage chez des amis.

L'Occitanie qui couvre 32 départements au sud de l'hexagone ne

bénéficie pas des services télévisuels auxquels elle pourrait

prétendre (et la station dont je dépends, Limoges, est

particulièrement fermée à cette question).

Le pourcentage de émissions en oc sur le total des diffusions,

toutes chaines confondues est ridicule. F3 sud qui ne couvre

qu'une partie de l'Occitanie se permet encore de réduire les

horaires.

Vous prétendez que c'est pour faire place au catalan.

Loin de moi l'idée d'exclure le catalan de la télévision mais cela ne

doit pas se faire au détriment de l'occitan. Déshabiller Pierre pour

habiller Paul n'est qu'un simulacre de justice et d'égalité.

Comme les autres occitans et occitanophones, je paie la

redevance et j'estimerais juste de pouvoir bénéficier d'émissions

de télévision dans ma langue.

Pensez-vous vraiment assurer ce <<service public>> qui justifie

votre existence et que nous finançons? Ne croyez-vous pas que

vous devriez surtout être au service du public, et dans ce cas

précis de sa culture? Ne concevez-vous la télévision régionale que

comme une sous-télévision parisienne?

En espérant que vous reviendrez sur cette réduction d'horaire et

avec mes meilleurs sentiments occitans,

J. U.



A M. Jacques DUMONT

Président des Amis du Vieux Confolens,

Assit, le 20/03/99

Monsieur,

J’ai lu avec intérêt dans le Confolentais du 11 mars 99, le premier article consacré à Emile Roux et dont vous êtes l’auteur.

C’est une bonne idée que de vouloir faire connaître aux lecteurs de ce journal les personnages originaires de Confolens qui ont marqué leur époque et peut être l’histoire.

J’ai pourtant été gêné par le passage où vous évoquez “la servante Marie Lacoux”. Vous dites qu’elle savait “chanter en patois”. Ce terme péjoratif et discriminatoire appliqué à notre langue, l’occitan, me semble détonner dans l’ensemble de l’article. Ce que vous dites de la personne en question montre que bien que d’origine populaire et sans éducation “scolaire”, cette personne joua un rôle des plus importants dans la formation de la personnalité d‘Emile Roux. Vous indiquez qu’elle “forma son imaginaire enfantin”, qu’à son contact “il avait développé un imaginaire puissant”. Cette femme était donc détentrice d’une véritable culture dont le support était la langue occitane. Je ne vous renverrai pas aux définitions du mot “patois” que l’on trouve dans certains dictionnaires et qui feraient de l’occitan (c’est ce qui se parle à Confolens) la langue d’une population attardée...

J’ai été également gêné par la transcription de la chanson que vous citez, une chanson occitane bien connue du Limousin à la Provence et que l’on doit trouver sur des enregistrements de La Gerba Bauda. Les paroles et la graphie correctes figurent dans le dernier livre de J. L. Quériaud, “Coutumes, contes et dictons de la Charente Limousine, CDDP Charente 1997”. Il est dommage que vous ayez utilisé cette graphie “patoisante” qui déforme les mots et la rend presque incompréhensible.

Les vers que vous citez s’écrivent:

  ”Dija, Janeta, voes-tu te lojar,

- Ne n’es, ma maire, vòl’ me maridar “ (p. 138)

Cette familiarité enfantine avec l’occitan me semblerait pouvoir être rapprochée de son amour du latin. En effet, de nombreux occitanophones qui ont étudié cette langue ont remarqué sa proximité avec l’occitan. De Confolens, je ne citerai que M. Rougier, ancien proviseur du Collège ou J. L. Quériaud encore lui.

Dans l’attente de la suite de l’article et avec mes meilleurs sentiments occitans,

J. U.